COULEURS JAUNE ET MARRON
DU LABRADOR RETRIEVER

      Aujourd’hui encore, il n’est pas rare d’entendre dire que, chez le labrador, le jaune et le marron sont deux couleurs de robe apparues soudainement, tel un coup de tonnerre dans un ciel serein, fruit probable d’une mutation génétique ou d’un quelconque croisement. Or si l’on se penche sur les origines du labrador et plus globalement sur celles de nos races britanniques de retrievers, on se rend compte que tout le matériel génétique nécessaire à l’expression des trois couleurs était déjà bien en place aussi bien chez leur ancêtre direct, le chien de St. John, que chez les variétés de chiens dont ce dernier est issu. Les origines du labrador, du golden et du flatcoated sont indissociables, ces trois races accusant une filiation étroite avec le chien de St. John. Ce dernier n’était pas une race fixée mais une variété de chiens, vivant sur la côte sud de Terre Neuve,
dont la robe pouvait varier en longueur et en couleur, et qui fut le fruit de près de deux siècles d’un important brassage génétique. A son arrivée sur le sol britannique au tout début du XIXe siècle, les sportsmen disposaient déjà du curlycoated retriever. Avant l’émergence définitive des trois autres races, le chien de St John fut l’objet de protocoles de sélection individuels les plus divers dont les produits furent transitoirement nommés wavycoateds afin de bien les différencier, en raison de leur robe faite de poils non bouclés, du curlycoated.

      Ces quelques rappels étant faits, nous débuterons par la couleur jaune et par quelques lignes extraites de « Advanced labrador breeding » (1988), de Mary Roslin Williams, qui produisit des labradors sous le célèbre affixe Mansergh : « Je pense qu’il faut à présent admettre qu’il y eut toujours des robes jaunes qui apparaissaient au sein de portées de chiots noirs bien que les vieux éleveurs et leurs gardes les consignaient au chenil et se gardaient bien d’en parler. Il en fut de même pour les chiots marrons qui naissaient occasionnellement La grande comtesse Lorna Howe est réputée pour avoir dit à l’un de ses amis qui évoquait la couleur jaune chez le labrador : ‘Labrador is a black dog’ ! Ce n’est qu’à la fin de sa vie qu’elle fit entrer cette « curieuse couleur jaune » dans son élevage. Je n’ai jamais ressenti qu’elle aimait les jaunes même si plus tard elle se fit prendre en photo avec l’un d’eux perdu au sein de son équipe de noirs. De toute façon, tous ses grands chiens furent noirs ». Il n’est pas inutile de rappeler qu’à l’époque qui nous occupe, l’élevage de chiens était aux mains d’une poignée d’aristocrates qui, grâce à leur fortune, passaient leur temps à chasser et à élever des chiens dans de vastes propriétés, le seul critère de sélection étant les aptitudes de leurs chiens à chasser, du moins avant l’apparition des expositions de beauté dans les années 1860. La notion de race, au sens où nous l’entendons aujourd’hui, ne commença à émerger qu’à la fin du XIXe siècle. Ils ignoraient les lois de la génétique et tout chien qui, à sa naissance, ne correspondait pas à ce qu’ils souhaitaient, était considéré comme fruit d’une mésalliance et donc, écarté du circuit « officiel » de la reproduction en les confiant aux nombreux gardes de leurs domaines….ces dernier les faisant se reproduire pour leur propre compte…la race golden retriever doit d’ailleurs, en grande partie, sa naissance à ces circuits parallèles.

      Au début du XXe siècle, tout comme aux premières heures de son histoire, le labrador« politiquement correct » était de couleur noire, bien que des chiens à robe jaunes soient connus depuis plusieurs années. De nombreuses rumeurs, en effet, faisaient état de chiots jaunes nés dans des portées issues de parents noirs et ce, depuis les débuts du développement de la race en Angleterre.

Et à coté de ces rumeurs, une première preuve, le tableau représentant Mrs Josephine Bowes et sa chienne Bernardine.

Ce tableau, peint par Antoine Durey et daté de 1848, est visible au Bowes Museum et nous montre que Bernardine était un labrador jaune typique. Et puis il y a les écrits. On évoquera E. C. Ash et Vero Show qui tous deux nous parlent du Dr. Bond Moore, célèbre éleveur de wavycoated de type labrador, et chez qui naissaient régulièrement des chiots de couleur « dorée » dans des portées de noirs.

Dans « The illustrated book of the dogs » écrit en 1881 Vero Show nous dit : « … la couleur de robe la plus prisée chez le wavycoated est le noir et aucune autre n’a sa chance dans nos expositions modernes….. Comme dans d’autres variétés issues d’un croisement de deux races,l’extraordinaires résurgences se font jour parfois comme c’est le cas dans les élevages de wavycoated retrievers. Un cas vaut d’être rapporté, d’autant plus qu’il s’est produit dans l’élevage du Dr. Bond Moore lui même. C’était au cours de l’exposition de Walverhampton en 1876 ou 1877 et monsieur Bond Moore nous invita chez lui pour nous montrer ses dernières portées. Quel ne fut pas notre étonnement de voir plusieurs chiots de couleur jaune pâle ou marron au sein des différentes portées. Répondant à nos remarques, le Dr. Moore nous informa que de telles naissances étaient certes peu fréquentes, mais régulièrement rencontrées et que d’expérience, il peut affirmer que de tels chiots sont tout aussi souhaitables et agréables à élever que d’autres. En tous cas, les parents de ces chiots jaunes ou marron étaient tous noir de jais ».

      Il faut pourtant attendre le tout début des années 1900 pour voir débuter l’histoire documentée de la couleur jaune, histoire qui se divise en trois périodes, rythmée notamment par les deux conflits mondiaux. La première partie de cette histoire débute dans les chenils du Major Radcliffe, du Colonel Clayton Swan, de messieurs F. Starker et H.G. Hatkinson et du dernier Comte de Feversham. Tous possédaient des labradors à robe jaune et c’est en croisant leurs différentes lignées entre elles qu’ils contribuèrent à fixer cette couleur.

Ben of Hyde

Tout avait commencé chez le Major Radcliffe avec son chien Ben of Hyde qui fut le premier labrador à robe jaune enregistré officiellement par le Kennel Club. Ben était né de deux parents noirs, Tappler Duchesse, une femelle aux origines inconnues et Radcliffe’s Neptune dont les ascendants sont biens documentés sur trois générations. Ben nacquit en 1899 (même si un document cité plus loin donne 1902) et ses parents descendaient directement de cinq chiens arrivés sur les quais de Poole au début des années 1870, ramenés par bateau depuis Terre Neuve par monsieur Hawker. Deux de ces chiens furent acquis par le père du Major Radcliffe, monsieur C. J. Radcliffe, les trois autres allant chez monsieur Guest, futur Lord Wimborne. Le mariage entre Ben of Hyde et les chiennes Nell et Pink, au colonel Clayton Swan, sera à l’origine de toutes les lignées de jaunes.
Nell était une femelle noire née de l’union entre Squaw à monsieur F.P. Barnnet et Nith, un mâle appartenant au Duc de Bucchleuch. Quand à Pink, elle était la fille de Nell et de Sportsman, un chien au pedigree inconnu décrit comme étant de couleur rouge et appartenant à monsieur C. Campbell. L’une des soeurs de Pink, appelée Nancy et qui appartenait à monsieur J Straughan, était une fille de Rower, un chien de F. Straker dont le père était également décrit comme un chien à robe rouge vivant à Dun’s castel et au pedigree inconnu.

De la première union de Ben et de Nell naquit Pratt, à monsieur Atkinson Clark. De son union avec Pink naquit une autre Nell à monsieur Alek Browne qu’il croisa par la suite avec un de ses chiens noirs descendant de F.T. Ch. Flapper à monsieur Portal. De ce mariage fut issu une chienne noire nommée Velvet qui fut acquise par madame Wormald. Velvet fut à son tour unie à Ben et donna naissance à trois chiens jaunes, Mannie et Knaith Lady d’une part et Sam qui devint la propriété de madame Molyneux. Mannie fut croisée avec Nawton Brownie, un chien directement issu des lignées Buccleuch et Malmesbury, qui appartenait au dernier Comte de Feversham et dont la robe était décrite de couleur foie pendant sa jeunesse mais qui vira au noir à l’âge adulte. Signalons encore l’union entre Knaith Lady et Flapper. Dix chiots noirs virent le jour et tous furent dispersés. La descendance de ces chiots ne sera faite que de noirs pendant trois générations puis on retrouvera trace à deux reprises de chiots jaunes à la quatrième.

On peut estimer que la couleur jaune fut stabilisée en 1913, année qui marque la fin de la première partie de notre histoire.

      En 1913, l’organisateur de l’exposition nationale se tenant à Olympia sollicita le soutient du Major Radcliffe. Ce dernier contacta plusieurs de ses amis, leur demandant d’y inscrire leurs chiens. C’est ainsi que pour la première fois on vit une classe entièrement remplie de labradors à robe jaune. Les quatre premiers furent tous des descendants de Ben produits par madame Wormald à partir de Velvet et Knaith Lady. Suite à cette exposition, monsieur Alexander, considéré comme l’un des juges les plus compétents en matière de labradors, confia au reporter de la revue « The field » que le vainqueur, une chienne nommée Neried et appartenant à monsieur James Marschall, tenait son rang parmi les meilleurs labradors et que son producteur, madame Wormald, ne méritait que des louanges pour avoir fait naître une chienne d’une telle qualité. Malheureusement, peu après cette exposition, Neried fut atteinte de troubles neurologiques et son propriétaire s’en sépara, la cédant à un certain capitaine Lucas. Quant aux autres chiens de madame Wormald, ils furent tous atteint du même mal mais connurent un sort moins envieux puisque onze de ses douze chiens moururent, la seule survivante étant Mannie dont le nom figure dans nombre de pedigrees actuels.

      Dans un article faisant suite à cette exposition, on pouvait lire :« Depuis la première apparition il y a quelques semaines à l’exposition d’Olympia de labradors jaunes, l’intérêt de nombreux sportsmen est tenu éveil et tous ceux qui se pressaient au bord du ring ont été reconnaissant au Major C. Eugène Radcliffe d’avoir su fournir tant d’effort pour présenter un groupe aussi représentatif de cette race. Si l’on se penche sur les origines de cette variété, le Major Radcliffe lui-même nous apprends qu’en avril 1902 naquirent chez lui, de parents noirs, deux chiots jaunes, un mâle et une femelle. Il nomma le mâle Ben et la très grande majorité des labradors jaunes actuels en sont les descendants. Ben vit toujours mais est à présent trop âgé pour reproduire. L’un de ses fils, Neptune, l’a remplacé.Tous les chiens exposés à Olympia étaient issus soit de Ben soit de Neptune.

Le Major Radcliffe et Dinah

      Il y a quelques années, le Major Radcliffe avait cédé à Lord Lonsdale un fort beau chien. Depuis, celui-ci en a racheté d’autres ayant les mêmes origines prouvant ainsi qu’on pouvait en toute confiance utiliser un labrador jaune à la chasse. L’une des caractéristiques de ces labradors jaunes est la qualité de leur robe, typique des chiens venus des pays froids. Tous les chiens sous affixe of Hyde descendent en droite ligne des retrievers originellement importés depuis Terre Neuve, il y a plus d’un demi-siècle, et dont feu le père du Major acheta plusieurs spécimens dès leur arrivée sur le port de Poole, non loin de sa propriété familiale. Le labrador jaune actuel est fort proche de ces chiens importés, tant en qualité robe qu’en type, contrairement à la grande majorité des labradors que nous pouvons voir à nos expositions et qui en diffèrent considérablement. Venant de contrées froides, leur robe était faite de poils plus longs doublés d’un sous poil épais, doux et laineux qui constituait une protection naturelle contre le froid dont ils avaient besoin dans leur pays d’origine. …. Le fait qu’aucune retrempe ne fut effectuée dans le chenil of Hyde plaide en faveur du maintient du type et du caractère des chiens d’origine. Ainsi, les chiens du Major Radcliffe sont-ils bien plus résistant au froid et à l’eau que la majorité des retrievers actuels…».

      C’est après la première guerre mondiale que débute la seconde partie de notre histoire. En ces temps là, le labrador noir était inconnu du grand public et la robe jaune avait bien du mal à se faire reconnaître au sein de la race elle-même. Le point marquant de cette seconde période fut la création du Yellow Labrador Club dans les années 1920.
La race labrador avait été reconnue officiellement par l’English Kennel Club en 1903 et la grande majorité des labradors étaient utilisés pour la chasse et engagés en field trial. Les plus beaux spécimens de ces chiens de travail accédèrent aux expositions de beauté avec une participation moyenne de 40 labradors par exposition. La race n’avait pas la popularité dont elle jouit de nos jours et le grand public n’en avait pas encore fait un chien de compagnie.
En 1927, le Kennel Club Stud Book enregistrait 1410 nouvelles naissances de labradors contre 8034 bergers allemands (encore appelés chiens loups alsaciens dans le document source), 7718 fox terriers, 4583 airedale terriers, 4293 cockers spaniels et 3967 pekinois. Bien que de nos jours ce chiffre de 1410 naissances puisse sembler ridicule, la race était pourtant suffisamment bien établie.
Comme beaucoup de grandes décisions, celle de créer le Yellow Labrador Club fut prise suite à un incident mineur survenu au cours du Kennel Club Show de 1923 à Alexandra Palace. Madame Wormald y présentait son mâle jaune Knaith Bounce. Elle se vit empêchée d’entrer dans le ring par le commissaire, celui-ci prétextant que son chien était un golden retriever et non un labrador. Madame Wormald était connue pour être une femme déterminée au caractère bien trempé et ce n’était pas un « petit officiel » qui allait l’intimider. Elle insista et le juge qui officiait, attiré par le ton houleux que prenaient les échanges entre madame Wormald et le commissaire de ring finit par intervenir, l’autorisant à participer à sa classe d’engagement. Knaith Bounce fut classé troisième.
Suite à cet incident, elle réunit autour d’elle quelques éleveurs et ensemble, ils réfléchirent aux moyens à mettre en oeuvre pour faire connaître cette couleur. C’est ainsi que naquit le Yellow Labrador Club.

    Créé en juillet 1924 à Londres, il fut affilié au Kennel Club l’année suivante. Lord Lonsdale en fut le premier président, le Major Radcliffe le vice-président et Montgommery Parker le secrétaire. Cette création permis tout d’abord de clarifier quelque peu la classification des races de retrievers au sein desquelles régnait alors la plus grande confusion, notamment en ce qui concernait les couleurs de robes. Jusqu’au début des années 1920, le Kennel Club enregistrait tous les retrievers de façon globale. Après avoir du concéder au labrador son identité propre, il fallu tenir compte des détails de sa couleur.
Comment s’y retrouver entre les labradors jaunes appelés indifféremment yellow labrador par les uns et yellow retriever par les autres et notre golden retriever actuel dénommé, à cette époque, tantôt yellow retriever, tantôt russian retriever ou yellow russian retriever. Il faut peut-être ici rappeler que, pour cacher les origines « roturières » de la race golden retriever, son créateur Lord Tweedmouth, lança la légende des origines russes de la race. La vérité avait été rétablie en 1959 par le Kennel Club grâce à l’obstination de madame Elma Stonex et du 6e Lord Ilchester, le petit neveu de Lord Tweedmouth.


      Dès 1912, de nombreux articles cynophiles attiraient l’attention sur les confusions éventuelles entre ces deux chiens….y compris chez nous en France comme dans « Retrievers et spaniels », écrit en 1931 par un auteur dont seules les initiales E.E. nous sont connues. On peut y lire qu’il existe cinq races de retrievers, les flatcoateds et curlycoateds, le labrador, obligatoirement noir et décrit comme un flat plus corpulent et à poil court et enfin, le yellow retriever et le retriever russe : « Cette race russe est parfaitement distincte des yellow retrievers tels que ceux possédés par Lord Lonsdale dans son fameux chenil. Ces chiens sont des labradors, cette race aux qualités de retrievers insurpassées et qui descendent en droite ligne de chiens venus des côtes de terre neuve ».

      En 1931 dans la revue « The field », on pouvait lire sous la plume du Major Radcliffe : « Il y a eu tant de controverses dans votre revue au sujet de ces deux races qu’on m’a demandé de faire le point sur ce sujet…..Si mes souvenirs sont bons, au siècle dernier, la majorité des retrievers présents en field trial étaient soit des wavycoateds noirs à poils longs et ondulés soit des curlycoateds noirs. Plus tard, les chiens étaient fort bons quand ils étaient bien dressés, mais ils étaient difficile à dresser et avaient tendance à rester sauvages et à avoir la dent dure. On voit encore, mais rarement, de tels chiens en field trial de nos jours. A cette époque, quelques sportsmen bien connus possédaient de nombreux chiens noirs importés de Terre Neuve. Les plus connus de ces messieurs étaient le Duc de Buccleuch, Lord Malmesbury, Lord Wimborne et quelques autres dont mon père. A quel moment ces chiens prirent-ils le nom de labrador, je ne le saurai jamais. Mais en visitant il y a quelques années la région du labrador et l’île de Terre Neuve, je n’y ai trouvé aucun labrador retriever et l’on se moquait de moi chaque fois que je demandais à en voir un. Le chien des origines était noir mais portait souvent des taches blanches, en particulier sur le poitrail et les pieds. Leur robe était faite de longs poils droits sous lesquels se trouvait un épais sous poil laineux semblable à celui d’une loutre et qui le rendait imperméable à l’eau. Ces chiens étaient donc parfaitement aptes à supporter le froid et l’humidité. Je suis heureux de voir mes chiens présenter cette même qualité de poil, caractéristique de plus en plus rare chez nos chiens d’exposition modernes que nous osons appeler labrador….. Il est souvent difficile de retracer les origines d’une race ou d’un type particulier. Quand on envisage un type apparu dans la mémoire vivante d’un homme comme la couleur jaune de la robe de certains labradors, on peut cependant relater les faits de l’apparition de tels accidents. Je peux tranquillement vous dire que j’ai commencé à m’intéresser à cette variété dès la toute fin du XIXe siècle. J’ai par la suite réussi à élever des chiens de cette couleur à partir de deux chiots nés dans une portée de labradors noirs….Mon grand problème au début fut de conserver chez ces chiens la pureté et la véracité du type. Malheureusement à quelques reprises, des chiens acquis par des étrangers furent croisés avec d’autres races. On voit donc de nos jours des soi disant labradors jaunes présentant des robes faites de poils aussi fins que ceux d’un pointer, ce qui bien sûr est un défaut. Je me rappelle d’une exposition importante où était présenté un chien qui pour moi représentait un excellent type de labrador jaune. Ce chien ne fut pas retenu pour le classement final. Allant interroger le juge à la fin de l’épreuve, je me vis répondre que le type de ce chien était différent de ceux que l’on souhaitait voir de nos jours et qu’il s’agissait là d’un type démodé de labrador. Je dois admettre que le chien des origines était bien différent de nos chiens actuels »…et nous sommes je le rappelle en 1931 !!

      Il parle ensuite longuement des yellow retrievers de Lord Tweedmouth, les futurs goldens retrievers, détaillant la vieille légende des origines russes de ces chiens. Il y dit notamment que « ...Ces chiens furent souvent croisés avec des bloodhounds et des labradors jaunes….».Et plus loin encore : « Je me rappelle avoir montré à monsieur A. Holland Hibbert une jolie chienne labrador jaune nommée Dinah et issue de mes premières portées composées exclusivement de chiens jaunes. Il m’avoua qu’elle était la plus jolie créature qu’il ait jamais vue et que, si elle lui appartenait, il lui ferait construire un cheni en argent massif ».

Concernant les croisements entre labradors et goldens, notre Major ne croyait pas si bien dire. Il existe une photo troublante montrant trois chiens de sa production se reposant sur les pelouses de sa propriété. A gauche de cette photo on reconnaît, allongé, Ben dans ses vieilles années. Assise à ses cotés Dinah, évoquée plus haut et, à ses cotés, une de ses filles nommée Gypsy et possédant des traits typiques de la race golden retriever.

      Après la création du Yellow Labrador Club le Kennel Club veilla donc à bien distinguer les labradors jaunes des goldens retrievers. La dénomination « jaune » ne fut plus attribuée officiellement qu’aux chiens de race labrador. Parmi les autres décisions du club figuraient la création de field trials réservés aux labradors jaunes et l’individualisation, au sein des expositions, de classes d’engagement réservées à cette couleur avec attribution de prix spéciaux. En 1929, le Duc de York, futur Roi Georges V, connu pour son amour affiché de la couleur jaune chez le labrador, accepta de parrainer le Yellow Labrador Club. Il est fondamental de noter que ce monarque fut d’un poids décisif dans la reconnaissance et la popularité de cette couleur.

Lord Lonsdale

      En 1905, Lord Lonsdale fut invité à une partie de chasse chez le major Radcliffe et tomba sous le charme de ses labradors jaunes. Son hôte lui fit cadeau d’un de ses chiens, avouant par la suite que c’était la première fois qu’il se séparait d’un de ses labradors jaunes…. Lord Lonsdale baptisa ce chien Rad, raccourcissant ainsi le nom de celui qui lui avait fait ce cadeau. Il fut si enchanté par ce chien qu’il l’emmenait avec lui où qu’il aille, aussi bien à la chasse dans les landes écossaises que dans les parcs et les salons londoniens et jusqu’au palais royal. Est-ce ainsi que le Roi Georges V découvrit cette couleur de robe et en devint l’un des plus ardents défenseurs ?

      Le Roi Geoges V meurt en 1936. A partir de 1938, son fils Georges VI prendra sa relève jusqu’à sa propre disparition en 1952. En mai 1953, sa majesté la Reine Elisabeth II accorda à son tour son parrainage au yellow labrador club perpétuant l’engagement de la famille royale d’Angleterre en faveur du labrador jaune.


      Le premier labrador jaune à devenir field trial champions fut Hayler’s Defender. Viendront se rajouter à la liste Janet, Birdsall Vesper, Ming, Sienna, Hawksbury Jupiter, Braeroy Rudy et Cheverell’s Amber….Parmi les show champions, il faut citer Hawksbury Joy, Alby Twink, Badgery Richard, Badgery Ivory, Reyen Lass, Poppleton Golden Major, Kimpurnie Karm, Tess of Hamyax et Hawksbury Dainty qui fut le premier labrador jaune à récolter un CC en Angleterre.

      La troisième époque débute après la seconde guerre mondiale. Plusieurs nouveaux élevages arrivent au devant de la scène. Bien que concentrant leurs efforts sur la production de chiens à robe jaune, ils veillèrent à maintenir intactes les principales caractéristiques de la race, en particulier l’ampleur du crâne, les proportions du chanfrein, le stop marqué, la profondeur de la cage thoracique, la qualité des angulations, les pieds ronds et compacts, la queue de loutre et enfin et par-dessus tout, la qualité de leur sous poil court et dense. Les mariages entre labradors jaunes et noirs étaient fréquents et pourtant, une question agita beaucoup les esprits pendant une bonne partie de la première moitié du XXe siècle, nombreux étant ceux qui voyaient dans le labrador jaune une variété bien distincte de celle à robe noire. Ainsi, le Kennel Club fut-il l’objet de la pression de nombreux éleveurs produisant exclusivement des labradors jaunes afin qu’il sépare la race labrador en deux variétés distinctes ayant chacune son livre des origines propre. Lady Qintin Dick, future Comtesse Lorna Howe et A. Holland Hibbert, devenu entre temps Lord Knutsford, s’y opposèrent de toutes leurs forces tendant de convaincre le Kennel Club de l’absurdité d’une telle démarche. Il faut rappeler ici que ces deux grands noms de la race avaient été à l’origine de la création en 1916 du premier Labrador Club et avaient participé à la rédaction, cette même année, du premier standard officiel de la race, standard reconnu par le Kennel Club. Lady Quintin Dick centrera son argumentation sur l’exemple d’un champion réputé de l’époque : « Pour bien comprendre l’absurdité d’une telle démarche, il suffit de considérer le cas de Ch. Beningbrought Tangle, un petit-fils de mon chien Banchory Bolo. Tangle était détenteur de 18 CCs et se retrouva en finale d’une exposition face à son propre fils, Banchory Tawny qui, comme son nom l’indique, était de couleur jaune. Tawny obtint la réserve de CC derrière son père. La mère de Tawny est également noir et aussi loin que je puisse remonter dans le pedigree des deux parents, ceux-ci ne descendent que de chiens noirs »

      Le kennel club se rangera à leurs arguments et refusera la séparation des deux couleurs. Le yellow retriever club insistera mais sans succès. Qu’à cela ne tienne. Il rédigera en 1932 un standard distinct pour le labrador jaune offrant ainsi aux amateurs de la race deux standards pour un même chien.

      En 1933, dans une lettre adressée au président du Kennel Club, Lord Knutsford est formel : « Cette couleur jaune est sans doute une bizarrerie, mais des labradors noirs de parfaites origines tel Banchory Bolo ont eu des descendants jaunes. Fait étrange, ces labradors jaunes ont aujourd’hui une meilleure qualité de poil que les noirs et spécialement un meilleur sous poil plus épais. Ils ont aussi un meilleur fouet, plus queue de loutre ».

      Mais il n’y a pas qu’outre Manche que cette couleur suscite débat comme nous le relate le Comte jean de Bonvouloir dans son ouvrage dédié aux retrievers en 1948. On y apprend que dans l’annuaire de 1935 du Retriever Club de France, son président de l’époque, monsieur Louis Tabourier écrivait : « Le labrador jaune, qui est patronné en Angleterre par un club spécial, est-il une variété distincte du labrador noir ? On peut affirmer que non. Il faut rappeler que dans son standard il est mentionné que toutes les couleurs zain sont autorisées. Le Kennel Club n’a aucun chapitre spécial ouvert pour cette variété et une même classe réunit les labradors noirs et jaunes ». Ainsi, sur proposition du retriever club de France, la société centrale canine allait-elle rapidement trancher la question faisant notamment rajouter au niveau des classes d’engagement aux expositions « réservée aux labradors noirs et de toute couleur zain ». Lors de la première révision du standard officiel de la race en 1950, le débat était clos et le standard affecté au labrador jaune
plus qu’un souvenir La couleur marron, plus communément appelée chocolat, n’a pas connu la même destinée fulgurante que la couleur jaune. Aucun « père officiel », aucun soutient d’une famille illustre et une reconnaissance qui fut fort lente à venir…et que certains lui accordent encore difficilement de nos jours. De plus, les traces écrites de chiens à robe marron sont des plus discrètes. « L’émergence de cette couleur a donc sans doute été le fait de quelques naissances dues au hasard, à partir d’illustres inconnus, isolément ou plus ou moins simultanément par la force des choses, faisant que, le nombre de naissances augmentant, certains amateurs souhaitant se démarquer de l’habituel furent poussés à cultiver la différence » comme aime à le dire madame De St. Fuscien.
      Si, contrairement à la variété jaune, il est impossible de retrouver « le premier » labrador marron, tout laisse à penser que deux des chiens les plus emblématiques de la race labrador retriever, Buccleuch Avon et Banchory Bolo, étaient tous deux porteurs du gène chocolat, le second descendant du premier !

      Commençons par citer, une fois de plus, les propos de M.R. Williams : « Considérer le labrador chocolat comme un labrador de pure race est éloigné de la vérité. Cette couleur provient des pointers, des chesapeake bay retrievers et, plus tard, des flatcoateds »

Le pointer fut en effet le premier désigné pour avoir, par mésalliances, pollué le génome du labrador. Pourquoi lui ? Car presque tous les chenils des sportsmen anglais produisaient, à coté de différentes variétés de retrievers, des pointers, y compris celui des Ducs de Buccleuch. Pour citer un autre exemple, le Colonel Cornwall Legh, mort en 1904, avait élevé au cours des 25 dernières années de sa vie plus de 800 pointers et retrievers. Et puis n’oublions pas le rôle très important, déjà évoqué dans le chapitre précedent, que jouèrent les gardes chasse de ces propriétés.
Le labrador avait-il besoin du pointer pour être de teinte chocolat ? Ses origines, son histoire et la génétique lui suffirent, car ne l’oublions pas, en matière de génétique des couleurs, « là où il y a du noir se cache le marron» !
Examinons les deux autres pistes.
Le chesapeake bay croisa également la route du labrador. Richard Wolters dans son histoire du labrador évoque le naufrage, en 1807 sur les côtes du Maryland, d’un navire anglais, le «Canton », qui reliait Terre Neuve à Poole. A son bord se trouvaient deux chiens de St John, probablement destinés au second Comte de Malmesbury, l’un noir et l’autre de couleur foie. Certains désignent ces deux chiens comme allant être à l’origine de la race Chesapeake bay…..et quelle signification faut-il donner au qualificatif « foie », souvent employé, et qui désignait autrefois aussi bien le jaune foncé que le marron !
      Dans son ouvrage déjà cité, M. R Williams parle d’un des premiers chenils anglais connu pour avoir volontairement concentré sa production sur la robe chocolat. Elle nous dit comment, dans les années 1930, Lady Ward dans son chenil de Chiltonfoliat s’était pris de passion pour cette robe. L’une des femelles chocolat à la base de sa production, Derry of Chiltonfoliat, était issue d’une chienne jaune appartenant à madame Macpherson, Braerary Randy. Dans cette portée figurait un autre chien chocolat dont on ne sait rien de la descendance. C’est monsieur Macpherson lui-même qui prétendit que cette couleur anormale était le fait d’un croisement antérieur avec un chessie ! Elle poursuit en disant que l’élevage de Chiltonfoliat fit rapidement des émules qui élevèrent exclusivement du chocolat entre les deux guerres puis après la seconde guerre mondiale.
      Tiré des notes de G. Scott dans le registre de chenil des ducs de Buccleuch : « En aout 1908, monsieur Steuart Menzies de Culdares remarqua sur les quais de Trondhjem en Norvège un chien dont il était sûr qu’il s’agissait d’un labrador. Sa mèreétait arrivée gestante des USA. Nommé initialement Stranger, il fut rebaptisé Bob chez son nouveau propriétaire, avait un poil plutôt dur, un magnifique nez, mais ne rapportait pas et se contentait de poser une patte sur l’oiseau jusqu’à ce que celui-ci soit ramassé »
Commentant ces lignes, madame De St Fuscien nous dit : « L’hypothèse Chesapeake a ses partisans, elle est plausible, mais à ma connaissance, il n’a jamais été fait mention dans les ouvrages que j’ai pu lire de chesapeakes noirs, or le noir est une couleur dominante en élevage. Le poil dur de Stranger pourrait faire penser à un chesapeake. Compte tenu de la vogue du noir, on peut se demander pourquoi ce gentleman aurait acheté un retriever d’une autre couleur ? ».. Quoi qu’il en soit, Stranger se retrouve dans quelques pedigrees des registres de chenil des Buccleuchs.
      Quand au flatcoated, son influence sur la race labrador n’est plus à démontrer, ces deux races, non contente de partager une ascendance terre-neuvienne commune, virent leurs destinées s’imbriquer jusqu’après la seconde guerre mondiale. Pour ce qui est des origines sur les lointaines côtes de Terre Neuve, nous rappelleront simplement que, si la couleur dominante des chiens qui en provenaient était certes le plus souvent noir, les taches blanches, rouges ou foie étaient fréquentes tout comme les robes bringuées ou à dominante foie. Il en allait de même au sein des premières variétés de retrievers produites. Idstone écrivait : « Certains, peu nombreux, préfèrent ces retrievers de couleur foie et même les sables ont quelques partisans pour
le travail, les préférant au noir. C’est vrai qu’en automne, un chien à robe foie est plus discret qu’un noir, mais en terrain couvert il vaut mieux qu’il soit visible, sinon il peut se faire tuer »
. En 1880 Dalziel écrit : « Il existe des retrievers foie, qu’ils soient wavy, curly ou à poil lisse, bien qu’ils soient peu nombreux. Ceux que j’ai vu en exposition n’étaient pas séduisants et semblent issus de croisements avec des spaniels marron ». Dans « Modern dogs » (1906), Lee nous dit combien, après la victoire en field trial d’un flatcoated marron en 1900, cette variété de robe devint populaire dans cette race.
      Autre référence au flatcoated et à la couleur chocolat, dans le premier volume des Press Books de H.R. Cooke à propos d’un chien qui se distinguait en field trial à l’aube des années 1900, Don of Gewin : « A la lecture des différents rapports au sujet des Retrievers Trials, J’ai remarqué plusieurs fois que le gagnant Don of Gerwin (Flatcoated - 1904) était décrit comme un retriever croisé. C’est évidemment une erreur, les références au Kennel Club Stud Book le prouvent. » Réponse à cette lettre « En référence à la lettre de Sir Reginald Cooke, je puis dire qu’il n’y a pas plus pure race que Don of Gerwin). Un des rapports le décrit comme étant foie et blanc, or il n’a pas un seul poil blanc, Quant à la couleur foie, je considère que c’est une très belle couleur et que Don est un chien très élégant. Bien sûr, il est un peu plus large en tête que les chiens d’exposition actuels, mais ce n’en n’est que mieux et peut contribuer à son extraordinaire nez et à son mental ».
      Don était bien de couleur foie et, ayant beaucoup reproduit, il participa non seulement à la fortune de son maître au travers de ses saillies monnayées à prix d’or, mais fit par ailleurs en sorte que le nombre de retrievers couleur foie ait forcément augmenté.

Sur une note en bas de page trouvée sur les registres de chenil des Ducs de Buccleuch, il est précisé : « Il y avait alors un risque de produire une tête de labrador plus conforme au type flat et dans ce style, M. Allen Shuter éleva Horton Max, qui aux environs de 1914 fut un des chiens les plus discutés. Il fut vendu 500 £ Il n’y a aucun doute, Max était un chien élégant, mais pas tout à fait un Labrador, son père étant le Champion flatcoated Darenth ».
     
D’un respectable maître-chien, Joseph Jobling : « Midge, une Labrador typique est restée longtemps dans ma mémoire. Je ne l’ai jamais vue avoir un mâle de sa race. Elle fut saillie par un flat très connu dans le Comté de Durham. Les chiots ressemblant le plus à la race furent gardés, les autres non ».

      Comme le fait remarquer madame De St Fuscien : « Les flatcoated liver n’étaient pas rares, les labradors de type correct n’étaient pas nombreux, on croisait donc les deux et il naissait des labradors marron si les 2 reproducteurs étaient porteurs de gènes adéquats. C’est de ce brassage que sont issus nos chiens, nous devons en être conscients et admettre qu’il était inévitable de voir apparaître des couleurs autres que le noir souhaité par les inventeurs de la race.».

      Vers 1880 était signalé un retriever chocolat chez Lord Tweedmouth, le père de la race golden retriever, chien qui ne fut jamais utilisé pour la reproduction en raison de « son caractère trop éloigné de celui requis pour un golden retriever » mais sans qu’il soit fait allusion à un labrador chocolat importé.

      Dans les registres de chenil des ducs de Buccleuch, trois lignes dans les notes de préface de Lord Georges Scott nous apprennent que : « Par le passé, il est arrivé aux chenils Buccleuch que naissent des portées de marrons. Ce n’était pas fréquent et cela ne s’est pas reproduit depuis plusieurs années ». Plus loin dans ces mêmes registres, on découvre que des chiens chocolat apparurent dans cet élevage après l’arrivée de FT. Ch. Peter of Faskally (1908), un descendant de Buccleuch Avon (1885) et grand-père paternel de Banchory Bolo. Nous y apprenons encor que le Comte de Feversham avait quelques spécimens de labrador chocolat et sa chienne Nawton Pruna, qui produisit aussi des chiens jaunes, se distinguait en field trial dans les années précédant la première guerre mondiale.

      Lord Scott nous dit quelques mots de Captain Bald’s Susan, la grand-mère maternelle de Peter of Faskally. Cette chienne, née en 1902, non enregistrée appartenait au capitaine Bald puis fut cédée à Lord Grimston. Elle n’était pas un labrador et pourtant figure dans bon nombre de pedigree par le biais de son célèbre petit fils puisqu’il fut un des plus fameux chiens des origines de la race. Susan, une chienne sans pedigree, est décrite comme « jaune à poil laineux, mais pas un labrador ». Lord Grimston fit saillir Susan par un chien nommé Kielder. Il naquit de cette union des chiens qui furent baptisés labrador mais qui à l’évidence n’étaient pas de race pure.

La comtesse Lorna Howe et Banchory Bolo


Attardons nous un peu à un chien déjà croisé dans le chapitre consacré au labrador jaune, Nawton Brownie. Ce chien descendant directement des lignées.

      Buccleuch et Malmesbury est retrouvé dans le pedigree de l’une des chiennes jaunes de madame Wormald. Il est décrit comme porteur d’une robe marron foncée dans sa jeunesse, couleur figurant dans son pedigree officiel, mais qui vira au noir à l’âge adulte. La chute d’une bourre aux reflets marron particulièrement marqués pourrait parfaitement expliquer ce changement de couleur et faire s’évanouir l’espoir d’avoir mis le doigt sur le premier labrador chocolat enregistré.

      En 1961, Cookridge Tango à madame Pauling, fut le tout premier labrador chocolat à obtenir un titre de champion. Ironie de l’histoire, son CC lui fut attribué par…..M.R. Williams !

 


Dr. Jean-Marc Wurtz
A partir de mon travail : « L’histoire du labrador retriever » (2009)


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